Cet article concerne l'album du groupe
Pink Floyd. Pour d'autres oeuvres de ce groupe liées à cet album, voir
The Wall (homonymie).
{{Infobox Musique (oeuvre)
The Wall est le onzième album studio du groupe de
Rock progressif britannique Pink Floyd, sorti le
30 novembre 1979 en musique. Il est considéré comme l'un de ses albums les plus importants, et marque l'apogée du groupe, qui ne rencontrera plus de succès équivalent par la suite. C'est aussi la première collaboration avec le compositeur
Michael Kamen, pour les arrangements orchestraux de l'album, et la dernière véritable entente entre les deux auteurs-compositeurs du groupe,
Roger Waters et
David Gilmour. Les tensions sont alors croissantes au sein du groupe, avec Waters devenu sa seule force motrice — il signe seul la quasi-totalité des titres de l'album —, et finissent par mener à l'exclusion du claviériste Richard Wright, qui ne réintègre le groupe qu'en
1987, après le départ de Waters. Celui-ci quitte le groupe après l'album suivant,
The Final Cut (
1983), pour entamer une carrière solo.
Genèse et enregistrement
En
1977, Pink Floyd était en tournée pour promouvoir son dernier album,
Animals. Le groupe a alors atteint un statut de superstar, et la tournée
In the Flesh a confirmé que le groupe peut désormais remplir des stades de 60 à 70 000 spectateurs à chaque concert. Mais le bassiste et leader
Roger Waters avait de plus en plus de mal à supporter le comportement des spectateurs : ceux-ci sifflaient et hurlaient tout au long des représentations, même pendant les moments calmes des chansons, ce qui l'énervait. « Ça m'a pris dix ans pour ne plus être attristé que les gens sifflent pendant les moments calmes. Je m'arrêtais et je disais : "Bon ! Qui siffle ? Allez, silence !" », raconta Waters.
À la fin de la tournée, lors d'un concert au Stade Olympique à Montréal, le 6 juillet 1977 en musique, Waters cracha à la figure d'un fan sous l'emprise des stupéfiants ou de l'alcool qui essayait de passer par-dessus la barrière qui séparait la foule de la scène. L'incident a inspiré Waters pour le concept de The Wall : bâtir un mur entre lui et le public, ce qui le protégerait d'un nouvel incident semblable. « La base de tout est cette histoire », raconte-t-il. « Montréal, 1977, au Stade Olympique devant 80 000 personnes, le dernier concert de notre tournée. J'étais si peiné pendant le show que j'ai craché sur un mec devant qui faisait ce qu'il voulait, mais ce qu'il voulait n'était pas ce que je voulais. Il criait, il hurlait et semblait s'amuser comme un fou en poussant la barrière. Il voulait se battre, en fait. Et moi, je voulais faire un concert de rock. J'étais tellement exaspéré que j'ai fini par lui cracher dessus pour qu'il se calme, ce qui est quelque chose qu'on ne doit faire à personne. Je l'ai eu, il s'est pris mon crachat en pleine figure ». Lors du dernier rappel — où le groupe jouait habituellement un Blues pendant que les techniciens emportaient peu à peu le matériel jusqu'à ce que le dernier musicien présent sur scène ne s'éclipse —, David Gilmour fut contrarié par l'attitude du public au point de ne pas y participer.
Frustré par cet évènement, Waters eut l'idée d'un spectacle où le public serait littéralement séparé du groupe par un mur. Voulant exploiter toutes les possibilités du multimédia, il décida également de faire de son idée un concept en trois parties : un album, une tournée avec des effets spéciaux imaginatifs et le mur, et un film.
Au cours de l'année 1978 où les membres du groupe prirent chacun des vacances de leur côté, il se mit au travail dans son studio personnel, pour en ressortir avec le concept de The Wall, et un autre projet appelé The Pros and Cons of Hitch Hiking, qui fut laissé de côté par les autres membres du groupe pour The Wall et qui devint un album solo de Waters six ans plus tard. Lorsqu'il montra au groupe sa démo pour l'album, le son était quasi-inaudible et de très mauvaise qualité. Il ne comportait pas à ce stade les chansons de Gilmour tels que Run Like Hell et Comfortably Numb, qui furent ajoutés par la suite du développement de l'album,.
Une anecdote racontée par Nick Mason sera reprise dans son livre Pink Floyd : l'histoire selon Nick Mason. Sur la démo, il fut surpris de s'entendre jurer au téléphone. Waters lui expliqua que pour une chanson — sûrement Young Lust —, il avait eu besoin d'un téléphone sonnant dans le vide. Croyant que Mason n'était pas à la maison, il appela chez lui. Lorsqu'il décrocha le téléphone, Mason cru avoir à faire avec un plaisantin qui fredonnait dans le combiné sans lui parler, d'où ses jurons.
L'enregistrement de l'album a duré huit mois et a été enregistré dans quatre studios différents à l'extérieur de la Grande-Bretagne, en raison d'un détournement de fonds lié aux investissements du groupe et de ses conséquences fiscales qui les forcèrent à s'exiler pendant un an. Au cours des sessions, Waters renvoya Richard Wright du groupe, prétextant que celui-ci n'avait plus rien à offrir au groupe — ce qui a été par la suite confirmé par Wright lui-même, par exemple dans le livret de Is There Anybody Out There? The Wall Live 1980-81, en partie en raison de son addiction à la Cocaïne à l'époque. Waters a affirmé que David Gilmour et Nick Mason ont approuvé sa décision, mais en 2000, Gilmour prétendit que lui et Mason s'étaient opposés au renvoi de Wright. Toutefois, Mason affirme que Wright fut renvoyé parce que la maison de disques Columbia avait offert une avance importante à Waters s'il parvenait à finir l'album à temps pour qu'il sorte en 1979. Wright ayant refusé de rentrer plus tôt de vacances, Waters voulut le renvoyer. Wright fut renvoyé du groupe, mais participa à l'achèvement de l'album ainsi qu'à la tournée qui suivit.
Originellement publié par Columbia aux États-Unis et par Harvest au Royaume-Uni, The Wall a été réédité en CD digitalement remasterisé en 1994 au Royaume-Uni par le major EMI. En 1997, Columbia a publié une nouvelle édition, avec un son supérieur au remaster d'EMI, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Amérique du Sud et au Japon. Pour le 20e anniversaire de l'album en avril 2000 , Capitol a relancé la réédition de 1997 avec la couverture du remaster européen aux États-Unis et EMI au Canada, en Australie, en Amérique du Sud et au Japon.
Concept de l'album
On peut employer des termes aussi divers que variés pour essayer de définir
The Wall : on le décrit comme un
Opéra rock, une
Comédie musicale, un
Album-concept ou même un
Oratorio. Aucun de ces mots n'est complètement approprié, mais il y a une part de vérité dans chacun d'eux. Ce n'est pas un opéra rock, mais des chansons comme
The Trial ont incontestablement quelque chose d'opéra. La vérité est que
The Wall prend une forme différente à chaque étape de son développement. Dans le lexique standard de la musique rock, il peut être défini comme un « album-concept ».
L'histoire de l'album raconte la vie d'un anti-héros nommé Pink Floyd, qui est oppressé dès les premiers instants de sa vie : il perd son père, tué à Anzio durant la Seconde Guerre mondiale — comme le propre père de Waters, Eric Fletcher Waters — (In the Flesh?), est surprotégé par sa mère (Mother), tyrannisé par des professeurs désireux de le modeler ainsi que les autres élèves dans la forme que réclame la société, d'où l'image récurrente du hachoir à viande (Another Brick in the Wall, Part 2). Pink se retire dans un univers imaginaire en bâtissant un mur imaginaire, Allégorie représentant sa distanciation émotionnelle, pour le protéger du reste du monde : chaque expérience négative qu'il subit est une brique de son mur. Parallèlement à ce processus, il devient une rock star (Young Lust) et se marie, mais il s'éloigne de plus en plus de sa femme, qui finit par le tromper. Pink achève alors la construction de son mur (Goodbye Cruel World).
Il sombre alors peu à peu dans la folie. Perdu en lui-même, il doit cependant refaire surface en raison de son mode de vie : son entourage lui injecte des médicaments par intraveineuse pour qu'il puisse assurer ses concerts (Comfortably Numb, The Show Must Go On). Pink hallucine et se prend pour un dictateur fasciste : ses concerts deviennent des prestations néonazies durant lesquelles il envoie ses hommes contre les fans qu'il considère indignes (In the Flesh, Run Like Hell, Waiting for the Worms), mais sa conscience finit par se révolter et le soumet à un procès dans lequel il est à la fois accusé et plaignant (The Trial). À l'issue de ce procès, le juge ordonne que le mur soit détruit et que Pink s'ouvre au monde (Outside the Wall).
L'album se conclut sur les paroles « Isn't this where... » ; il avait débuté sur les mots « ...we came in? », formant ensemble la phrase « Isn't this where we came in? » (« C'est pas par là qu'on est entrés ? »), montrant la nature cyclique de l'idée de Waters.
Le producteur Bob Ezrin a joué un rôle majeur dans l'album en éclaircissant le récit présent dans les démos originaux de Roger Waters via l'écriture d'un script, qui réclama l'écriture de chansons supplémentaires pour boucler l'intrigue. Toutes les paroles et la majeure partie de la musique furent écrites par Waters, avec des contributions minimes de David Gilmour et Bob Ezrin.
Synopsis
- In the Flesh? : cette première chanson marque le début de l'histoire, comme le montrent les indications scéniques qui la terminent ; son narrateur est Pink lui-même. Il déclare qu'en dépit des apparences, les choses sont bien différentes « derrière ces yeux froids » (behind these cold eyes), et invite le spectateur à « se tailler un chemin à travers ce déguisement » (claw your way through this disguise). Elle se termine au son d'une bombe larguée par un avion qui explose : elle explique la mort du père de Pink, soldat de la Seconde Guerre mondiale.
- The Thin Ice : on évoque les premières années de la vie de Pink, trop jeune encore pour réaliser ce qui est arrivé à son père. La « fine glace » est une métaphore de la fragile innocence qui dure tant qu'on ne peut comprendre le monde autour de nous. Elle évoque également les séquelles psychologiques de la guerre, pas seulement sur les soldats, mais aussi sur la génération suivante, ces enfants qui doivent porter le poids de cette guerre, comme l'indique les vers « Traînant derrière toi les reproches muets d'un million d'yeux larmoyants » (Dragging behind you the silent reproach of a million tear-stained eyes).
- Another Brick in the Wall (Part 1) : l'innocence de Pink disparaît lorsqu'il apprend ce qui est arrivé à son père. Atterré, il commence à construire son mur, dont la mort de son père ne sera « qu'une brique » (all in all it was just a brick in the wall).
- The Happiest Days of Our Lives : Pink est envoyé à l'école, où les professeurs, stricts et parfois violents, veulent les faire rentrer dans le moule de la société. Ils blessent les enfants physiquement et mentalement, « exposant toute faiblesse cachée avec soin par les enfants » (exposing every weakness however carefully hidden by the kids). La deuxième partie de la chanson explique que les professeurs eux-mêmes sont brutalisés par leurs femmes. L'enchaînement est clair : les femmes brutalisent leurs maris, qui brutalisent les enfants. Ceux-ci grandissent et deviennent violents à leur tour.
- Another Brick in the Wall (Part 2) : après avoir été brimé par son professeur, Pink rêve que les élèves de son école entament une révolte contre leurs enseignants. Cela isole encore plus Pink.
- Mother : Pink dialogue avec sa mère, excessivement protectrice envers son fils. Elle l'aide ainsi à construire son mur, en essayant de le protéger du monde extérieur (of course Mama's gonna help build the wall). Elle insiste pour que Pink reste à ses côtés même en grandissant, et ne peut supporter qu'il tombe amoureux.
- Goodbye Blue Sky : Pink devient dépressif, obligé de grandir dans un monde d'après-guerre où seule sa mère prend soin de lui. Il est également triste de ne pas avoir eu l'enfance qu'il aurait dû avoir, son père étant mort avant même sa naissance. La chanson évoque aussi le Blitz, le bombardement de Londres au début de la Seconde Guerre mondiale. Avec Bring the Boys Back Home, il s'agit de la preuve la plus évidente des effets de cette guerre sur Pink.
- Empty Spaces : Pink est maintenant adulte et marié, mais sa femme et lui ont du mal à communiquer à cause de son mur à moitié fini. Pink se demande comment l'achever.
- Young Lust : Pink est devenu une rock star, toujours en tournée. Il commence donc à inviter des groupies dans sa chambre entre les concerts, n'ayant pas vu sa femme depuis des mois. La fin de la chanson est un dialogue entre Pink et une opératrice téléphonique ; c'est à ce moment-là qu'il réalise que sa femme avait un amant depuis un moment, et son désordre mental s'accélère.
- One of My Turns : Pink invite une groupie dans sa chambre d'hôtel après avoir découvert l'adultère de sa femme. Lorsque la groupie essaie d'attirer son attention, il est trop occupé à penser à sa femme pour l'entendre. Comme elle continue à vouloir attirer son regard, il explose soudain de colère et détruit sa chambre.
- Don't Leave Me Now : Pink essaie de se faire à l'infidélité de sa femme, sans succès. Il la blâme pour l'avoir fait souffrir ; son attitude changera cependant plus tard, dans The Trial.
- Another Brick in the Wall (Part 3) : rendu furieux par l'adultère de sa femme, Pink décide d'achever son mur. Il conclut qu'il n'a plus besoin de rien, considérant toutes les personnes qu'il a connues comme « de simples briques dans le mur ».
- Goodbye Cruel World : Pink achève son mur, et marque sa reconnaissance de son isolation envers la société.
- Hey You : Pink réalise l'erreur qu'il a commise en se retirant complètement de la société. Il tente de reprendre contact avec le monde extérieur, mais son mur bloque tous ses appels. Ceux-ci deviennent de plus en plus désespérés, et il réalise qu'il n'a pas d'issue. La métaphore « et les vers mangeaient son cerveau » (and the worms ate into his brain) décrit l'état mental de Pink qui se détériore.
- Is There Anybody Out There? : la folie de Pink s'aggrave et il se demande s'il y a « quelqu'un dehors », de l'autre côté du mur.
- Nobody Home : Pink décrit sa vie derrière son mur. Il n'a personne à qui parler, et tout ce qu'il a sont ses objets personnels, dont il fait la description.
- Vera : la chanson est une référence à Vera Lynn, une chanteuse anglaise connue durant la Seconde Guerre mondiale pour sa chanson populaire We'll Meet Again, qu'elle chantait aux soldats britanniques. La référence est ironique, en sachant que Pink (pas plus que Waters) n'a rencontré son père, mort à la guerre. La phrase « Vera, qu'es-tu devenue? » (Vera, what has become of you?) suggère que Vera Lynn elle-même, contrairement à ce qu'elle avait promis (« nous nous reverrons »), aurait disparu. Elle peut aussi être interprétée comme disant que Pink a perdu espoir.
- Bring the Boys Back Home : Pink va chercher son père à la gare quand tous les soldats arrivent de la guerre, pour trouver qu'il n'est pas là. Les gens autour de lui sont heureux et chantent « ramenez les garçons à la maison » (bring the boys back home). À la fin, des souvenirs ayant conduit Pink à la folie lui reviennent : le professeur, l'opératrice et la groupie. Le manager de Pink lui lance au travers de la porte de sa chambre d'hôtel « Faut y aller ! » (Time to go!).
- Comfortably Numb : Pink, se sentant complètement isolé de la société, ne peut pas lutter contre les pressions de la vie de rock star et reste cloîtré dans sa chambre pour ne pas jouer. Un docteur est envoyé dans la chambre pour lui faire une injection qui lui donnera suffisamment d'énergie pour assurer le concert.
- The Show Must Go On : Pink s'apprête à monter sur scène, après que le docteur l'a bourré de médicaments pour éviter d'annuler le concert. Les paroles ont surtout pour thème la cupidité des promoteurs peu scrupuleux et des managers. Le « spectacle » peut également être une métaphore pour la vie. Pink débat sur ce qu'il doit faire, maintenant qu'il a construit son mur : il réalise qu'une vie isolée est morne. Il décide alors que « le spectacle doit continuer », mais le stress que provoque cette idée le fait halluciner.
- In the Flesh : Pink, drogué par les médicaments que le docteur lui a fait prendre, se comporte comme un dictateur devant son public, traquant les Noirs, les Juifs et les homosexuels.
- Run Like Hell : Pink devient le chef du parti des « marteaux croisés » qui se retrouve devant une foule dans un auditorium. Il lance ses fidèles à l'assaut de la ville pour piller les maisons et commerces.
- Waiting for the Worms : Pink a perdu tout espoir, et laisse les vers contrôler ses pensées. Dans son hallucination, il est encore un dictateur fasciste qui répand la haine, avec la promesse que ceux qui le suivent reverront « l'Angleterre souveraine » (Britannia rule again) et renverront leurs « cousins de couleur » dans leur pays (send our coloured cousins home again).
- Stop : Pink en a assez de son rôle de dictateur, et son hallucination s'achève. Doutant de sa culpabilité, il s'intente à lui-même un procès mental.
- The Trial : Pink fait intervenir un procureur grotesque, flagorneur et terrifiant, qui l'accuse d'avoir fait preuve « de sentiments de nature humaine ». L'avocat appelle à la barre le professeur de Pink, qui l'accuse copieusement. Vient ensuite l'épouse de Pink, qui accable ce dernier, puis qui se transforme en mère de Pink, surprotectrice, étouffant son fils. Le juge apparaît alors, et rend sa sentence en déclarant Pink coupable et en le condamnant à abattre son mur (tear down the wall). On entend à la fin du morceau l'effondrement du mur, accompagné d'un cri de douleur.
- Outside the Wall : cette chanson n'est pas directement liée à Pink. Elle confirme que le « mur » a été démoli, et parle de l'isolation mentale en général, et de la façon dont les autres tentent de la vaincre, souvent sans succès.
Pochette
The Wall est le premier album de Pink Floyd depuis
The Piper at the Gates of Dawn (
1967) dont la pochette n'est pas de
Storm Thorgerson et son entreprise
Hipgnosis. C'est
Gerald Scarfe qui fut appelé pour créer le design et la pochette de l'album. Contrairement à l'édition CD, la pochette originale du vinyle ne figurait qu'un mur, sans le nom du groupe et de l'album.
En concert
Les répétitions pour
The Wall en concert commencèrent peu après la sortie de l'album, en
décembre 1979 en musique, aux studios
Paramount de
Los Angeles. Elles se poursuivirent jusqu'en janvier 1980 en musique, puis le groupe déménagea au Los Angeles Memorial Sports Arena pour la première représentation.
The Wall ne fut interprété en public que dans une poignée de villes, à cause de son caractère grandiose, qui nécessitait la construction d'un mur gigantesque à travers la scène, entre le groupe et le public, sans oublier les éléments habituels des concerts de Pink Floyd : écrans géants, cochons gonflables et effets pyrotechniques. Les premières représentations eurent lieu à Los Angeles, du 7 au 13 février 1980 au Los Angeles Memorial Sports Arena, puis à New York, au Nassau Coliseum, du 24 au 28 février. Du 4 au 9 août, le groupe se produisit à Earls Court à Londres, puis au Westfalenhalle de Dortmund en Allemagne, du 13 au 20 février 1981 . Enfin, il y eut une semaine supplémentaire à Earls Court du 13 au 17 juin 1981. Par la suite, Roger Waters organisa un gigantesque concert à Berlin en 1990, avec de nombreux invités, entre autres Scorpions, Cyndi Lauper, Sinéad O'Connor et Van Morrison.
Les concerts débutaient par l'intervention du « maître de cérémonie » (master of ceremonies), Gary Yudman, qui variait d'un concert à l'autre, lisant une liste de choses à faire et à ne pas faire par le public. Un « groupe de substitution », dont les membres — Pete Woods aux claviers, Willie Wilson aux percussions, Andy Bown à la basse et Snowy White à la guitare — portaient des masques de leurs équivalents floydiens, interprétait alors In the Flesh?, se terminant sur le son d'un crash aérien. Les véritables membres du groupe entraient alors en scène, et pendant la première moitié du spectacle, un mur géant était construit par les roadies, avec une centaine de briques en carton et des apparitions de pantins géants représentant les personnages du professeur, de la femme et de la mère, conçus par le dessinateur Gerald Scarfe, dont des animations étaient projetées sur le mur lui-même. Durant la deuxième partie du spectacle, le groupe jouait toujours, mais derrière le mur, et était donc invisible au public. Quelques trous dans le mur montraient momentanément David Gilmour jouant de la guitare sèche sur Is There Anybody Out There?, puis Roger Waters chantant Nobody Home et Vera dans un décor de chambre d'hôtel. Durant Comfortably Numb, Waters chantait déguisé en docteur devant le mur, tandis que Gilmour était hissé au sommet du mur pour chanter ses parties et interpréter ses fameux solos de guitare à la vue de tous. Le « groupe de substitution » faisait alors son retour, portant toujours les masques du groupe, tandis que Gilmour, Nick Mason et Richard Wright portaient des uniformes frappés de marteaux, Waters portant un long imperméable en cuir portant également le symbole des marteaux. Le mur était détruit durant The Trial, et les huit musiciens — Pink Floyd et le « groupe de substitution » — se rejoignaient sur les ruines du mur pour interpréter Outside the Wall. Lors de ce passage, fait surprenant, Waters jouait de la Clarinette pour accompagner les chanteurs,.
Les concerts nécessitaient un équipement important — dont de nombreuses grues — et leur production coûta très cher. Le groupe perdit de l'argent à cette occasion, excepté Rick Wright, qui, après son renvoi du groupe, avait été engagé comme musicien pour les concerts avec un cachet fixe. Le groupe désirait que le public soit témoin d'une expérience vraiment théâtrale, et pas d'un simple concert de rock. Ainsi, pendant bon nombre de chansons, Waters interprétait le rôle de l'anti-héros Pink, chantant et jouant, délaissant sa basse.
Le concert à Earls Court en 1980 fut filmé, mais Waters refusa de rendre le film public après son départ du groupe. Il fut cependant piraté et finit par apparaître en cassette et sur YouTube, avec une qualité d'image et de son très mauvaise.
Adaptation cinématographique
Article détaillé : .Une adaptation cinématographique de The Wall est sortie en salles en 1982. S'appelant tout simplement Pink Floyd The Wall, elle fut réalisée par Alan Parker avec le chanteur Bob Geldof dans le rôle de Pink. Le scénario a été écrit par Roger Waters. Le film utilise la musique de l'album comme bande sonore, mais la plupart des chansons ont été ré-enregistrées par le groupe avec quelques changements musicaux ou lyriques.
Le film devait initialement être un film « pour les fans » de Pink Floyd. Entre les scènes, il devait y avoir séquences prises lors des concerts de la tournée The Wall. Une partie de ces concerts ont été filmés, mais une dispute entre Alan Parker et Roger Waters a abouti à leur exclusion du film. Ces séquences se sont retrouvés sur différents sites Web, dont YouTube. Toutefois une sortie officielle de ces séquences n'a pas été autorisée autrement qu'avec le documentaire Behind the Wall.
The Wall après 1985
Après le départ de Waters du groupe en
1985, une bataille judiciaire eut lieu à propos du nom « Pink Floyd » et ses chansons. À la fin du procès, Waters reçut le droit de jouer
The Wall et ses chansons, son nom étant étroitement associé à cet album. Il était ainsi propriétaire des
droits d'auteur de toutes les chansons, sauf celles co-écrites avec Gilmour —
Young Lust,
Comfortably Numb et
Run Like Hell —, ainsi que les produits reliés à
The Wall utilisés pendant les tournées de 1987–1990 et 1994 faites par Pink Floyd, qui furent payés à Waters, incluant le fameux cochon gonflable, bien que Gilmour ait diminué le coût des droits d'auteur en ajoutant des
testicules au cochon pendant leurs tournées.
Waters a présenté un gigantesque concert de The Wall au Potsdamer Platz de Berlin le 21 juillet 1990 en musique pour commémorer le premier anniversaire de la chute du Mur de Berlin et pour financer le World War Memorial Fund for Disaster Relief. Ce concert comporte des différences majeures au concert original de The Wall. Another Brick in the Wall (Part 2) est allongé par des solos de guitare et de claviers, Mother a une plus longue introduction mais un solo de guitare plus court, Comfortably Numb comporte de plus longs solos des deux guitaristes du concert et un refrain additionnel à la fin de la chanson, The Show Must Go On et Outside the Wall sont écartées, et What Shall We Do Now? ainsi que l'instrumental The Last Few Bricks et la chanson The Tide Is Turning de l'album solo de Waters Radio K.A.O.S. sont joués.
Liste des chansons
- Toutes les chansons sont écrites par Roger Waters, sauf où mentionné.
Face 1
- In the Flesh? – 3:19
- * Chant : Roger Waters
- The Thin Ice – 2:27
- * Chant : Roger Waters
- * Chant : David Gilmour et Roger Waters
- Another Brick in the Wall (Part 1) – 3:09
- * Chant : Roger Waters
- The Happiest Days of Our Lives – 1:50
- * Chant : Roger Waters
- Another Brick in the Wall (Part 2) – 3:59
- * Chant : Roger Waters et la chorale d'Islington Green School
- Mother – 5:36
- * Chant : David Gilmour et Roger Waters
Face 2
- Goodbye Blue Sky – 2:47
- * Chant : David Gilmour
- Empty Spaces – 2:07
- * Chant : Roger Waters
- Young Lust (Roger Waters, David Gilmour) – 3:30
- * Chant : David Gilmour
- One of My Turns – 3:37
- * Chant : Roger Waters
- Don't Leave Me Now – 4:16
- *Chant : Roger Waters et David Gilmour
- Another Brick in the Wall (Part 3) – 1:14
- * Chant : Roger Waters
- Goodbye Cruel World – 1:16
- * Chant : Roger Waters
Face 3
- Hey You – 4:41
- * Chant : David Gilmour et Roger Waters
- Is There Anybody Out There? – 2:40
- * Chant : Roger Waters
- Nobody Home – 3:24
- * Chant : Roger Waters
- Vera – 1:33
- * Chant : Roger Waters
- Bring the Boys Back Home – 1:26
- * Chant : Roger Waters
- Comfortably Numb (Roger Waters, David Gilmour) – 6:23
- * Chant : David Gilmour et Roger Waters
Face 4
- The Show Must Go On – 1:35
- *Chant : David Gilmour
- In the Flesh – 4:17
- * Chant : Roger Waters
- Run Like Hell (Roger Waters, David Gilmour) – 4:24
- * Chant : Roger Waters
- Waiting for the Worms – 3:57
- * Chant : David Gilmour et Roger Waters
- Stop – 0:30
- * Chant : Roger Waters
- The Trial (Roger Waters, Bob Ezrin) – 5:19
- * Chant : Roger Waters
- Outside the Wall – 1:43
- * Chant : Roger Waters
Version cartouches 8-pistes
En plus d'être un double album,
The Wall a également été lancé sur cassette aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Australie et en Grande-Bretagne, et sur cartouches 8-pistes. Si tout l'album peut figurer intégralement dans la cassette à longue durée, les cartouches figurent des versions raccourcies de
Another Brick in the Wall (Part 2),
Goodbye Cruel World,
Comfortably Numb et
Outside the Wall. La fameuse introduction
« Isn't this where we came in? » a été retirée pour contraintes de temps sur la cartouche. Finalement,
Hey You est séparé en deux parties sur la cartouche.
Chansons rejetées
Plusieurs chansons ont été écrites pour l'album, puis écartées. La plupart d'entre elles se trouvent sur quelques-unes des centaines de bootlegs relatifs à Pink Floyd, dont
The Wall Under Construction. Les chansons se retrouvant sur ce bootleg sont marqués du signe « † » :
- We'll Meet Again : cette chanson de Vera Lynn constituait la première chanson du démo de Roger Waters. Par la suite, des sons de guitare, de bombardiers et d'hélicoptères furent ajoutés à la chanson, mais elle a été finalement remplacée par In the Flesh?.
- When the Tigers Broke Free : cette chanson a été composée pour l'album, puis écartée. Elle fut toutefois utilisée dans l'adaptation cinématographique de The Wall et parue en single en 1982. Elle est présente sur la compilation Echoes (2001) et la réédition de The Final Cut parue en 2004.
- What Shall We Do Now?† : cette chanson a été écartée de l'album par manque de place sur la face B du vinyle. Sa reprise, Empty Spaces, qui se trouvait à l'origine entre Don't Leave Me Now et Another Brick in the Wall (Part 3), fut déplacée entre Goodbye Blue Sky et Young Lust pour combler ce trou. What Shall We Do Now? a toutefois été utilisée dans le film The Wall et jouée pendant la tournée 1980-1981 ;
- Sexual Revolution : cette chanson apparaît sur le démo de Roger Waters pour l'album, mais elle a été écartée. Il l'a réutilisée sur son premier album solo, The Pros and Cons of Hitch Hiking (1984) ;
- Death Disco : sur le démo original de Waters, cette chanson introduisait les idées fascistes de Pink qui furent ensuite utilisées pour In the Flesh. Le riff de guitare de cette chanson a été développé et repris sur Young Lust ;
- Is There Anybody Out There (Part 2)† figurait sur le démo de Waters et contenait des paroles retravaillées de la chanson Hey You ;
- Is There Anybody Out There (Part 3)† et Empty Spaces (Part 2)† ont été coupées à cause du manque de temps sur les faces du vinyle ;
- The Thin Ice (Part 2) : sur le démo de Waters, l'album se terminait avec une reprise du solo de The Thin Ice.
L'album live de The Wall, Is There Anybody out There? The Wall Live 1980-81, inclut deux chansons qui n'apparaissent pas sur l'album original : What Shall We Do Now?, précédé d’Empty Spaces, et The Last Few Bricks (juste avant Another Brick in the Wall (Part 3)), qui était une sorte de Medley joué par le groupe en attendant que les techniciens achèvent la construction du mur.
The Wall devait initialement être un triple album, mais Waters a retiré plusieurs chansons qui furent utilisées pour l'album suivant, The Final Cut :
- Your Possible Pasts a été réécrite pour The Final Cut, toutefois la phrase Do you remember me? How we used to be? Do you think we should be closer? a été utilisée dans le film de 1982.
- Teach, rebaptisée One of the Few pour son inclusion dans The Final Cut.
- The Hero's Return, intitulée originalement Teacher, Teacher sur le démo de Waters pour The Wall. Les paroles ont été revues pour son inclusion dans The Final Cut.
- La chanson The Final Cut a aussi été réécrite pour son inclusion sur l'album du même nom. Une des phrases des paroles mentionne le « mur » dont il est question sur The Wall (« ...and I'll tell you what's behind the wall »). Sur la version finale de la chanson, les mots « what's behind the wall » sont couverts par la détonation d'un fusil de chasse.
Singles extraits de l'album
Another Brick in the Wall (Part 2) est le seul single numéro un du groupe ayant atteint la première place des charts au Royaume-Uni et aux États-Unis. D'autres chansons de l'album sortirent en single aux États-Unis, comme Young Lust, Hey You, Comfortably Numb et Run Like Hell.
Personnel
L'équipe réunie pour l'enregistrement et la production de l'album est composée de :
- David Gilmour - guitares électrique et acoustique, Chant, basse, séquenceur, Synthétiseur, Clavinet, percussions, co-Compositeur, producteur
- Nick Mason - batterie, percussions
- Roger Waters - chant, basse, synthétiseur, guitares électrique et acoustique, Auteur-compositeur principal, pochette, producteur
- Richard Wright - Piano, Orgue, synthétiseur, clavinet
Musiciens additionnels
- Ron di Blasi - Guitare classique sur Is There Anybody Out There?
- Bob Ezrin - producteur, arrangements orchestraux et claviers
- James Guthrie - producteur, Ingénieur du son, percussions, synthétiseur sur Empty Spaces, séquenceur, batterie sur The Happiest Days of Our Lives
- Bobbye Hall - percussions
- Chorale de l'Islington Green School - chant sur Another Brick in the Wall (Part 2)
- Bruce Johnston, Toni Tenille, Joe Chemay, John Joyce, Stan Farber, Jim Haas - choeurs
- Freddie Mandell - Orgue Hammond sur In the Flesh? et In the Flesh
- Frank Marrocco - Concertina
- Jeff Porcaro - batterie sur Mother
- Joe Porcaro, Blue Ocean - Caisse claire sur Bring the Boys Back Home
- Lee Ritenour - Guitare rythmique sur One of My Turns et guitare acoustique sur Comfortably Numb
- Trevor Veitch - Mandoline
- Larry Williams - Clarinette sur Outside the Wall
- Brian Wilson - arrangements vocaux
Autres personnes ayant collaboré à l'album
Classements et récompenses
En 1999, la RIAA a certifié que
The Wall était 23 fois
disque platine, s'étant vendu à 23 millions d'exemplaires aux
États-Unis, un record pour le groupe. L'album a été #1 au
Billboard 200 américain et y est resté 15 semaines consécutives au début de l'année 1980, restant présent dans ces mêmes charts pendant encore deux ans. L'album a atteint la troisième place des charts
britanniques. L'album s'est vendu à 30 millions de copies à travers la planète. L'album figure dans le livre des « 1001 albums à écouter avant de mourir », et en 2003, le magazine
Rolling Stone l'a nommé 87
e plus grand album de tous les temps dans la liste du même nom.
Album - Billboard 200 (Amérique du Nord)Année | Catégorie | Position |
---|
1980 | Albums pop | 1 |
Chansons - Billboard Hot 100 (Amérique du Nord)
Année | Titre | Catégorie | Position |
---|
1980 | Another Brick in the Wall (Part 2) | Chansons pop | 1 |
1980 | Run Like Hell | Chansons pop | 53 |
Grammy AwardsAnnée | Vainqueur | Catégorie |
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1980 | The Wall | Meilleurs ingénieurs du son/meilleure production d'album non-classique (Best Engineered Album, Non-Classical) |
Reprises
- En 2001, le groupe canadien d'Alt-country Luther Wright and the Wrongs a lancé l'album Rebuild the Wall. L'album est une reprise de l'album The Wall en entier, réinterprétant chaque chanson dans un style country Bluegrass. Le groupe soutient avoir reçu une approbation enthousiaste de Roger Waters avant le lancement de leur disque.
- En 2003, Rat Bat Blue a lancé la pièce The Five Minute Version of The Wall qui contient une portion de chaque morceau de l'album réunis en une chanson. Cette pièce apparait sur l'album hommage A Fair Forgery of Pink Floyd.
Notes et références
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Sources
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- (fr) Nick Mason (2007). Pink Floyd : l'histoire selon Nick Mason. EPA. ISBN 978-2-85120-656-5.
- (en) Vernon Fitch & Richard Mahon (2006). Comfortably Numb - A History of The Wall 1978-1981.
- (fr) Bob Carruthers (2005). Réflexions sur The Wall. Art House Classics Ltd.
Liens externes